vendredi 15 février 2008

Origine, histoire et dynamique des Hautes-Chaumes du massif vosgien


Ferme du Kastelbergwasen, massif du Hohneck (Photo D.Schwartz)

Stéphanie Goepp, docteur en géographie de la faculté de Strasbourg et membre d'Archéovosges, nous propose un résumé de sa thèse soutenue le 29 novembre dernier.


Les « Hautes-Chaumes » des Vosges constituent des milieux naturels caractérisés par l'existence de vastes espaces pastoraux. Leur origine et leur évolution n'avaient jusqu'à présent donné lieu qu'à peu d'études paléo-environnementales. Classiquement, une faible partie des Chaumes était jusqu'à présent considérée comme naturelle (chaumes « primaires »). Pour les autres (chaumes « secondaires »), en dessous de 1250/1300 m d’altitude, il avait été proposé sur la base de l’analyse des archives historiques, qu’elles résultent des défrichements effectués pour créer des pâturages d'altitude vosgiens et qu’elles soient l’oeuvre des moines qui ont colonisé les vallées vosgiennes entre les VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Notre travail a cherché à établir l’origine et l'évolution de ces milieux, à la fois à des échelles locales et à une échelle de temps longue (Holocène). La méthodologie employée ici repose sur l'analyse des sols et des macro et micro-restes végétaux des sols, seuls marqueurs en mesure de nous permettre de telles reconstitutions. La pédo-anthracologie en particulier nous a permis de mettre en évidence les évolutions contrastées des chaumes.
Nos résultats établissent qu’il n’y a pas de chaumes « primaires », mais qu’elles résultent toutes de défrichements. L’ensemble des sommets a subi, depuis la fin du Néolithique, les influences répétées de l'Homme - notamment des défrichements par le feu. Dans le massif du Hohneck, ces défrichements datent au moins de l'âge du Bronze ancien, démontrant la précocité de l'utilisation par l'Homme de ces espaces comme pâturages. Quant au massif du Rossberg, les premiers défrichements ont une origine légèrement plus tardive (Bronze moyen). Les évolutions de ces milieux ont depuis été contrastées, avec des alternances d'abandons et de ré-exploitations pastorales. Quoi qu'il en soit, les défrichements intervenants plus tard au cours de la Protohistoire, l'Antiquité et l'Histoire peuvent être considérés comme des reconquêtes d'espaces ouverts par le feu puis abandonnés (donc secondaires). Ce travail remet donc en cause à la fois l'existence de chaumes « primaires » et l'âge supposé médiéval des premiers défrichements sur les chaumes considérées comme « secondaires » par les historiens, telles que celles du Rossberg. Les contrastes chronologiques des épisodes de défrichements entre les deux massifs soulignent également la nécessité d’aborder cette thématique à des échelles très locales.

Mots-clés : Pédo-anthracologie, paléobotanique, défrichements forestiers, âge du Bronze, âge du Fer, charbons, paléo-environnements, déboisements, feux, pâturages, écotone forêt / prairie, pastoralisme, Hautes-Chaumes, Vosges, France


Ferme du Schiessoth, massif du Hohneck (Photo D.Schwartz)




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